Prise en plein délit.

Il est tard, très tard dans la nuit, lorsque je pousse le portail de la Maison de la Nuit. J'ai besoin de sortir, il le faut. J'ai besoin de respirer l'air de l'extérieur. Les cours sont terminés, les novices sont dans leurs dortoirs. Je ne risque pas d'être vue dehors. Je me met à courir. Très vite. Le vent soulève mes cheveux, qui sont lissent cette fois ci. Le vent que procure la vitesse, me griffe le visage. Mes escarpins frôlent à peine le sol. Je suis vêtue de noir, comme souvent. Un slim noir. Un pull noir en dessous de ma petite veste en cuir noir.

En même pas une seconde j'arrive devant le centre commercial. Je regarde autour de moi. Je n'ai pas besoin de plus de concentration pour entendre son battement de cœur. Un sourire en coin se dessine alors sur mes lèvres. Je me met en marche. Le bruit de mes talons résonne contre le bitume. Je m'approche du parking. Je traque. Je chasse. J'oublis mon humanité. Ma soif est trop grande, ma gorge me brule. Je n'ai pas bu de sang humain depuis trop de temps. Il m'en faut maintenant.

Je tourne au coin d'un bâtiment, et déboule sur le parking. J'entends son pouls. Le rythme est rapide. J'arrête de respirer, et hume l'air comme un animal. Mes pas me guident toujours. Mon instinct m'amène droit sur une jeune fille. Elle n'arrive pas à déverrouiller la portière de sa voiture. Je souris amusée. Rapidement je me déplace, la jeune fille regarde autour d'elle. Je me déplace de nouveau, me mettant derrière elle. Elle lève les yeux de sa voiture, regarde autour d'elle. Puis aperçoit mon reflet dans son rétro viseur gauche. Je lui sourit. Elle sursaute et se retourne face à moi. Oh mais qu'elle est mignonne. Sa petite bouille apeurée, son regard de biche. Quel gâchis. Elle se met à trembler. Et fait tomber ses clés. Avant qu'elle ne puisse se pencher pour les ramasser, je les lui tend. Elle bredouille.

- Qui êtes vous ?..
- Une amie, voyons, tu ne te souviens pas de moi, Julie ?
- Vous devez faire erreur.. madame.. Je suis Lucie..

Je lui souris. Mes pupilles se dilatent, j'entends le cœur de la jeune fille qui bat à tout rompre. Elle est effrayée. Elle a bien raison d'ailleurs.

- Oh eh bien.. Bonsoir Lucie. Au revoir Lucie.

Mon sourire se transforme en un sourire sadique et cruel. Je lui dévoile mes canines surdéveloppées et luisantes. Je me jette à sa gorge et lui tranche la chair avec facilité. Elle hurle déjà. Je savoure ce moment exquis. Avalant a grande gorgée le liquide sucré à l'odeur métallique.

Elle cesse d'hurler. Le calme revient. Son corps devient mou. Aussi mou qu'une poupée de chiffon. Je lâche le corps de l'humaine et passe ma langue sur mes lèvres.

L'énergie, la force, la puissance. Tout me gagne. Je me sens encore mieux que d'habitude. J'attrape le briquet dans ma poche et..

Un ronronnement de moto résonne dans le parking vide. Je crois qu'a ce moment, j'ai l'angoisse d'avoir était vu. Je pivote sur moi même. Face à moi, Kayson. Bon sang mais qu'est ce qu'il fou ici ? A cette heure tout le monde roupille, ou presque. Il me regarde droit dans les yeux. Il a un petit sourire amusé sur les lèvres.

- Bonsoir Démona, quelle surprise..

Tu parle d'une surprise. T'aurais jamais du voir ça, crétin. Mon regard est noir, mes pupilles sont toujours dilatées. Personne n'aurait dût me voir ainsi, non, personne. Et surtout pas Kayson. A ce moment là, j'ai juste envie de le détruire. Et la haine qui était restée enfouie depuis notre dernière rencontre, refais soudainement surface. Derrière moi, le corps inerte et blanc de l'humaine jonche le sol. Même pas une seule goutte de sang au sol, j'ai tout bu.

Un grognement sort du fond de ma gorge. Suivi d'un sifflement strident, ce sifflement si familier désormais. Une flèche fend l'air pour venir se loger dans l'épaule gauche de Kayson. Aussitôt l'odeur de son sang emplis mes narines. D'une voix menaçante et presque rauque, je prononce, en dévoilant mes canines encore luisantes de sang.

- Que fais-tu là ?!

Je ne garde pas mon sang froid et j'en ai pas envie. L'envie de lui faire subir ce que j'ai subit il y a un an de cela, me titille l'esprit. C'est le bon moment pour lui faire payer, car à ce moment là, j'ai juste pas envie qu'il raconte ce à quoi il vient d'assister. Je grogne, vraiment énervée d'avoir était prise en plein délit. Le pire dans tout ça, c'est que depuis notre dernière rencontre, il n'espère qu'une chose, c'est que je le tue de mes propres mains. J'en ai très envie mais je ne le tuerai pas. Même dans ces moments là, je pense à Nyx. Mais l'envie de le faire souffrir et de me venger m'est insupportable.

Mon regard ne quitte pas le sien. Je m'approche de lui avec lenteur. J'ignore le sang qui coule de sa blessure. Je suis rassasiée et même si l'envie de goûter son sang ne m'est pas inconnue, je ne le ferai pas. Du moins.. Pas en lui sautant à la gorge. Je ne suis qu'a quelques centimètres de lui à présent. J'approche mes lèvres de son oreille.

- Tu n'aurais jamais du voir ça.. Maintenant tu va subir ce que tu m'as fait subir il y a un an..

Je met mon visage en face du sien pour river mon regard dans le sien. Je souris un peu sadique, à l'idée de le faire souffrir. J'attrape la flèche logée dans son épaule. Je tire dessus avec force. Alors, sa fait quoi, sa chatouille un peu, hein Kayson ? Je déchire, ensuite, le haut de son t-shirt. Dévoilant le haut de son torse musclé. Je saisi le bout de la flèche dans ma main. Les vampires ont beau avoir la peau dure et ne quasi rien ressentir de leur blessure, certaines sont douloureuses tout de même, notamment les blessures que j'inflige avec mes flèches. Je pose délicatement le bout tranchant de la flèche sur la peau du torse de Kayson. Je le regarde droit dans les yeux. Et j'accentue la pression sur la lame de la flèche. Un petit déchirement se fait entendre. Les traits du visage de Kayson s'endurcisse. Son regard et sombre. J'enfonce un peu plus loin la flèche dans sa chair.

Puis j'empoigne le bois de la flèche pour la tirer vers le bas. Agrandissant l'entaille. Du sang coule sur mes doigts, sur ma main. Je prends une grande bouffée d'air, savourant l'odeur de ce nectar. Je lâche enfin la flèche, la laissant enfoncée dans le torse de Kayson. Je m'écarte de lui. Lui tournant le dos. Je regarde avec envie le sang qui a coulé sur ma main. J'amène ma main à mes lèvres et lèche quelques goutes de sang. Je frissonne. C'est délicieux. Puis je saisi un mouchoir pour l'essuyer et enlever toutes traces de sang.

Je me tourne, pour faire face à Kayson.

Le sang coule de ses plaies. J'aurais bien envie de me jeter sur lui, mais si je le fait je risque de ne pas pouvoir m'arrêter. Ce serait du gâchis de le tuer ainsi. Il retire la flèche de son torse et arrache le reste de son t-shirt avant de le laisser tomber par terre, en miettes. Je souris, cette situation m'amuse beaucoup. Avec vitesse il me pousse contre une voiture. Mon dos cogne contre la carrosserie. Ses bras m'encerclent. Nos regards ne se quittent pas. Son regard s'assombris. Qu'as-tu derrière la tête, Kayson ?

- A quoi sa rime tout sa ? Répond moi franchement. Que veux tu réellement ?

C'est vrai ça, en quoi sa rime ? Qu'est ce que je veux ? Nyx.. Nyx doit être déçue de moi. J'ai tué une humaine, encore une fois. Je ne devrais pas être comme ça, je devrais être parfaite. Mais la perfection, je ne l'ai pas. J'ai mes défauts. Et mes faiblesses. Le sang en est une pour moi. Surtout depuis que je ne digère plus la nourriture humaine. J'ai voulu trop longtemps m'empêcher de boire du sang et voilà le résultat. Je suis accros. J'en suis dépendante et je ne m'en passe plus. Je retire la vie a de purs innocents. Mais l'heure n'est pas à la culpabilisation.

J'attrape le col en "v", de mon pull noir et je tire dessus, dévoilant ma poitrine. La cicatrice est visible entre mes deux seins. Tiens, j'avais mis un soutif noir.. Pour changer. Je regarde Kayson droit dans les yeux, mon regard est redevenu normal. Couleur ambre sous la lueur de la lune. La cicatrice me brule.

- Je te déteste pour ça. Regarde la bien, Kayson. Sa a mis des mois à cicatriser, regarde ce qu'il me reste, une affreuse marque entre les deux seins. Tu as voulu me tuer. Comment puis-je te pardonner ça ? Je veux que tu subisse pareil.

Ma paume vient cogner contre la plaie béante que je lui est faite dans le torse. C'est étrange, encore une fois je me sens bien. Cette sensation je l'ai, dès que je me trouve avec lui. Son regard, pourtant vide d'émotion, me parle. J'entends son cœur battre. Je suis, semblerait-il, la seule à l'entendre. Je ne comprends pas, pourquoi c'est avec lui, que je suis comme ça. Je ne devrais pas pourtant.

Nos fronts se touchent presque, je sens son souffle caresser mon visage, je sens cette chaleur autour de nous. A ce moment là, et c'est étrange, il n'y a plus rien qui compte. Il n'y a que lui et moi. Comme si nous étions dans une bulle. Je ne comprends pas. Cette proximité ne me déplait pas, au contraire.

Kayson, je te déteste, mais quelque chose chez toi fait que tu me plait. Tes yeux, ton sourire, ton visage.. Tout. Nyx, toi qui connait la réponse à nos destins, éclaire moi, je t'en prie. je suis perdue. Certaines personnes qui aurait été dans mon cas et qui se mettrait à tuer des innocents pour se nourrir, penserait que Nyx les a abandonnés, mais pas moi. je crois en Nyx et je sais qu'elle croit en moi, peut importe mes erreurs, elle sera me guider sur le bon chemin de nouveau.

Ses yeux quittent les miens pour regarder son œuvre. Cette blessure qu'il m'a infligée, sans remords, sans pitié. Pui il retire la main que j'ai posé sur son torse, sur sa blessure encore fraiche. Le sang ne coule plus autant. le fait d'être un vampire est bien avantageux quand on est blessé. Puis il me prend dans ses bras. Ses lèvres touchent mon oreille et il murmure.

- Je suis désolé pour tout, désolé d'avoir causé autant de dégâts. J'aimerais remonté le temps et changé certaines choses mais malheureusement, je dois vivre avec ce poids sur mes épaules. Tu sais, même si c'est difficile a croire, c'est pas facile pour moi. Je repense a cette bataille tout les jours et je me dis que j'ai certainement fait le mauvais choix. Maintenant, j'aimerais me rattraper. Depuis que l'on c'est vu la dernière fois, je ne sais pas toi mais il y a quelque chose qui fait que je n'arrive pas a t'oublier. Pourtant, sa ne me serait pas difficile mais toi, je n'y arrive pas. Même la maintenant, je pense encore a toi. Ne me demande pas pourquoi, c'est comme sa..

A ce moment là, son cœur bat plus fort. Je l'entends battre plus fort qu'avant. Je.. je ne comprends pas. Mes bras restent le long de mon corps, prisonnière de ses bras. Comment peut-il regretter le fait qu'il est voulu me tuer ? Il l'a souhaité, il m'a envoyé le couteau en pleine poitrine, je me suis effondrée, l'arc à la main après avoir tiré ma flèche et tué l'ange noir. Tu as raison Kayson, c'est difficile a croire, difficile à admettre. Il ressert son étreinte. Je ne sais plus quoi faire. Il a raison, depuis notre dernière rencontre je ne pense plus qu'à lui. Je n'ai pas de réponses à ça. Sa m'inquiète. Oui, sa m'inquiète vraiment.

S'en ai trop. Avec la quantité de sang que je viens de boire, ma force est supérieure à celle de Kayson. Je me défais de son étreinte, avec force, le poussant, ce qui le force à reculer de quelques pas. Mon regard retrouve le sien. Mon souffle est saccadé, comme si on venait de me priver de tout oxygène. Je reprend une grande inspiration. Je tourne le dos à Kayson et reprend le briquet qui se trouve dans ma poche. J'ouvre la portière de la voiture avec force, j'attrape le corps mou de l'humaine et la met à bord. J'ouvre le briquet, une grande flamme jaillit et je le jette dans la voiture. Je referme la portière. Les flammes gagnent l'habitacle. Je recule du véhicule. Je m'éloigne, vers Kayson. Je n'ose même plus lui faire face.

Une larme glisse le long de ma joue, j'ignore pourquoi exactement. Toujours dos à Kayson, je prononce, sans faillir, sans tremblements dans la voix.

- Depuis quelques mois, j'essaye de boire moins de sang, avant je vidais une poche de sang par jour. J'arrivais à me contrôler à la Maison de la Nuit, comme tout vampire adulte. Puis je me suis obligé à en boire moins souvent et à compenser avec de la nourriture humaine. Le problème, c'est que je ne digère plus la nourriture humaine. Je suis affaiblie sans manger, alors il faut bien que je me nourrisse. Le sang est meilleur prit directement sur un humain que dans des poches en plastiques. Il me faut bien ça pour tenir le coup.

Je me tourne enfin vers lui, affrontant son regard.

- Regarde ce que je suis devenue.

Je ne me reconnais pas. Quelques secondes avant j'étais pleine de haine et d'envie de vengeance. Et là, je ne sais pas, je culpabilise. Il ne faudrait pas pourtant. Kayson se rapproche de moi, le visage sérieux.

- Tu n'a pas a avoir honte Démona. C'est normal, le sang humain est une addiction chez les vampires. Je l'ai étais fut un temps, regarde moi aujourd'hui, je me porte bien. Sa n'es qu'une période de ta vie qui veut sa, sa s'atténuera avec le temps. Demande a quelqu'un de t'aider si tu trouve sa trop difficile pour toi. C'est vrai que c'est mieux d'affronter sa a deux que tout seul. Alors arrête de te faire subir sa, sa ne sert a rien.

Il a raison je le sais. Mais sa ne fait qu'un an que je suis une vampire adulte, sa ne fait que quelques mois, que je ne me nourris plus de façon humaine. Apprendre à accepter ses faiblesses et ces zones d'ombres en soit, n'est pas toujours simple. Je me connais, je sais que je reprendrais le dessus. Je sais que seule, j'y arriverai. Mais j'ai besoin de pouvoir poser ma tête sur l'épaule de quelqu'un. Avant il y avait Carth, mais il m'a abandonnée comme une vulgaire chaussette. Je suppose que la chaussette qu'il est, n'est pas celle assortie avec celle que je suis..

Ils n'y a que quelques centimètres qui nous séparent à présent. Je sens son souffle sur mon visage, une nouvelle fois.

- Tu es une prêtresse, montre l'exemple.

Ouai une prêtresse, tu parle. Je n'ai rien d'une prêtresse. Ce rang, je l'ai accepté car il venait de Nyx, j'aurais du choisir, j'aurais laisser ma place. Ce n'est pas toujours facile de faire vivre une communauté de vampire tout en étant sois même un vampire, qui à des pulsions meurtrières en prime. Enfin bon.. Je suis plutôt fière d'avoir atteint ce rang là. Stella aussi, même si elle pense un peu comme moi. Mais elle, elle est épauler par son petit ami, son combattant à vie.

Kayson enfourche sa moto. Il tourne son visage vers moi.

- Ce qui vient de se passer, sa restera entre nous. Je ne dirais rien a personne.

Soudain, je sens un poids se retirer de mes épaules. Je me sens mieux. Il pourrait mentir, mais je sais qu'il ne ment pas. C'est une certitude. Je repense à tous ce qu'il m'a dit ce soir. Était-il vraiment sérieux quand il a dit qu'il ne pensait qu'à moi ? Qu'il était désolé de ce qu'il m'avait fait ? Ou joue t-il avec moi, comme il l'a fait avec.. Naila ? Il a ça dans le sang, il aime séduire, jouer au mauvais garçon, ou l'être tout simplement.

Mon regard vient se poser sur son épaule. Je l'ai bien esquinté quand même. Et son torse nu, lui aussi est amoché, par l'entaille que je lui est faite. Voilà pourquoi il n'aurait pas du être là. Quand je tue un humain, je suis dans un état second, un état de puissance et de force, un état où je veux avoir le dessus sur tout. Je ne l'aurai pas touché, si je n'avais pas tué cette humaine. Comment va t-il faire pour rentrer ?

J'avance vers lui, et me place devant la roue avant de sa moto, l'empêchant ainsi d'avancer, a moins qu'il ne veuille me tuer ? J'ai repris confiance en moi, mon regard de couleur ambre se pose sur ses yeux sombres.

- Est-ce que tout ce que tu m'as dit était vrai et sincère ? Je veux en être sure.

Alors que vas-tu faire maintenant ? Partir dans la nuit sur ton engin, l'épaule et le torse en miettes ? Sérieusement Kayson ?

Il ferme d'abord les yeux, avant de se lever. Il replace la béquille de sa moto et prend ma main pour m'attirer contre lui. Il embrasse mon croissant de lune, puis ma joue; Je ne comprends pas, à ce moment là, ce que je ressens est vraiment puissant.. Comme si.. Comme si, nous étions liés tous les deux. Pourtant c'est impossible. Enfin c'est ce que je crois. Ses mains se posent sur mes joues, délicatement. Son regard est moins noir, moins sombre, il est doux et tendre. Que t'arrive-t-il Kayson ?

- A ton avis ? Bien sûr que c'est sincère, tu crois vraiment que je pourrais dire sa comme sa. Démona, t'es une fille génial et je ne te veux que du bien, je te l'assure. Puis tu sais, pour ce Coeur que tu entend battre. Je sais que j'en ai un, il bat dans ta poitrine. Cette mélodie, je m'en lasse jamais. Tu es en quelque sorte ce Coeur qu'il me manquer. Tu es celle a qui je ne peux rien faire, tu es celle qui a réussi a percer cette carapace impénétrable et tu es celle que.. Ses lèvres se posent sur les miennes, je frissonne. Celle que j'attendais, celle dont j'ai envie de la prononcer reine de mon monde. Accepte tu, prêtresse ?

Ses yeux ne me lâchent pas. Alors que j'ai envie de disparaitre sous terre, moi aussi je le fixe. Je.. je.. Wah, mais c'est quoi ça ? Le léger battement de cœur que j'entendais. Je l'entends plus clairement. Oh mais qu'as-tu fais Kayson ? Je ne sais pas comment je fais pour tenir debout, mes jambes trembles. Je vais finir par terre si sa continue, mais le regard de Kayson, me donne tellement de force qu'il m'est impossible de vaciller. Je sens mon cœur s'emballer. Son regard est presque insistant. Quoi ? Je dois faire quoi maintenant ? Panique totale. Je suis encore plus perdue.

Ses lèvres sur les miennes, cette sensation me manque déjà. Mais pourquoi ? Pourquoi lui ? Rien n'était censé nous rapprocher, au contraire !

- Kayson.. Laisse moi du temps..

Je lui fais un petit sourire. Je pose une main sur sa joue et de l'autre je pose ma main sur son cœur. Il bat sous ma main, je le sens. J'approche mes lèvres des siennes et lui donne un baiser. Puis je me défais de son étreinte et me place devant la moto.

- Je veux bien essayer de te ramener, a moins que tu ne veuille rentrer à pieds ?

Je me tourne de nouveau vers lui, j'ai soudain envie de me jeter dans ses bras. Il représente tous ce que j'aime. Même si je ne digère pas le passé. J'ai besoin de quelqu'un sur qui compter, autre que Stella. Alors, avec vitesse je me replace juste en face de lui. Je sens son souffle contre mon visage. J'agrippe sa nuque avant de l'embrasser de nouveau. Je frissonne.

Qui aurait crut qu'on en arriverai là ?

-Pour quelqu'un qui avait besoin de temps, c'est plutôt positif comme tournure. Tu ne trouve pas ?

Il avait séparer nos lèvres avant de me donner de nouveau un délicat baiser. Il me serre contre lui, et je cale ma tête contre son torse. Je suis bien dans ses bras. Mais tous ça est étrange tout de même. Jamais je n'aurais cru en arriver là avec lui, mais ce baiser à été comme une délivrance et j'ai senti le poids que je portais sur mes épaules, s'envoler. Comme si, ce qui c'est passé, devait se passer depuis longtemps. Comme si nous étions liés.. Je fronce les sourcils.

- Je n'aurais jamais penser que tout sa aurait pu arriver, maintenant c'est le nirvana de bonheur qui me tombe dessus. C'est comme si la vie me donné une seconde chance, c'est fou..

Je me dégage un peu de son étreinte pour que mes yeux ambres croisent son regard.

- Kayson.. Je ne sais pas ce que tout cela signifie. C'est étrange tout de même.. Je ne suis pas dans mon état normal là.. Je viens de tuer une humaine, de t'entailler la chaire sans aucune pitié.

Mon regard devient grave. Il faut que je contacte Nyx. Même parler à sa statue de marbre m'aidera, elle sera donner réponse a mes questions. Je me dégage pour de bon de l'étreinte de Kayson. Mon cœur se serre et c'est étrange comme sensation, mais je regrette déjà de ne plus être dans ses bras.

-Je crois que je suis perdue.

Je lui tourne le dos et fait le tour de sa ravissante moto noire en laissant mes doigts caresser la carrosserie.

- Elle est belle, n'est-ce pas ? Je trouve aussi.

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Oui, très beau véhicule. Moi qui aime les beaux bolides et la vitesse, là dessus, sa devait être génial ! Je me verrais bien sur une moto.. Tout de cuir vêtue. Pas mal.. pas mal. Il agrippe mes hanches m'attirant à lui. Il dépose un baiser dans mon cou. Un tendre baiser.

- La beauté de la nuit ne te rend que plus belle, c'est dingue et ce qui est encore plus fort, c'est le désire que tu déclenche en moi..

Il m'embrasse plus régulièrement, plus intensément. Je sens le désir monter en moi comme il monte en lui. Il laisse glisser ses mains le long de mes hanches.

En moins de temps qu'il en faut pour le dire, grâce à la vitesse que nous possédons depuis notre transformation, nous voilà contre un énorme pilier du parking couvert. Son dos frappe la pierre du pilier et je l'embrasse plus passionnément encore, laissant mes mains se promener sur son torse nu. J'ai envie d'aller plus loin, j'ai envie de lui. J'ai envie de lui trancher une veine, de boire son sang.. Je me retiens. Il le faut. Il faut que je me retienne.

On inverse les positions, et c'est mon dos qui vient frapper la pierre froide. Je prends son visage entre mes mains et je continue à l'embrasser encore et encore. Mais qu'est ce qui me prend ? Avec souplesse et agilité, j'enroule mes jambes autour de sa taille, m'agrippant à son cou. Mon souffle devient de moins en moins régulier..

Non. Non. Faut que j'arrête. Je suis perdue, je ne suis pas dans mon état normal. Allez quoi, retrouve la raison Démona.

Ses mains se posent sur chacune de mes fesses. Il me tient avec fermeté. Et le pire dans tout ça, c'est que j'adore ça. Le désir, l'envie et le plaisir s'emparent de moi. J'ai envie de plus. Ses lèvres se détachent des miennes, pour venir à mon oreille, il murmure.

- Démona.. Tu te rend compte, de ce que tu déclenche en moi. C'est la première fois que je ressens une tel chose. Il m'embrasse tendrement et reprend. Sois mienne, je t'en prie..

Ses mains viennent caresser ma peau, en dessous de mon pull. Je frissonne. Il embrasse mon cou, quelque chose semble attirer son attention plus qu'autre chose. Sa langue caresse une veine sous la fine peau de mon cou. J'ai tellement envie qu'il le fasse, qu'il me morde. Mais d'un autre côté, j'ai envie de fuir à toutes jambes. Ce que je ressens pour lui, m'est juste incompréhensible ! Pourquoi ? Pourquoi lui ?

J'entends sa respiration s'accélérer et perdre le rythme, je devine, sans même le voir, que le vampire en lui est en train de refaire surface. Alors je sens ses canines frôler ma peau, éraflant la tendre chair de mon cou. Une goutte de sang perle sur ma peau, avant de s'étendre et de couler le long de ma peau blanche. Je frissonne de désir. Je bascule la tête en arrière alors que sa langue empêche le sang de couler.

Reviens à la raison Démona, aller ! Je déroule mes jambes de sa taille, je pose mes deux mains sur son torse musclé et je le repousse avec force, le faisant reculer d'un pas. Je le regarde, haletante. Ses pupilles sont dilatées. Je suis brûlante de désir, et je regrette déjà le fait de l'avoir repoussé. Je passe ma main sur mon cou. Ma voix est tremblante, alors que je ne voudrais pas.

- Non.. Non. Je peux pas.. Je..

Je braque mon regard sur lui, retrouvant alors la force de ma voix. J'empêche les larmes, qui se forment aux coins de mes yeux, de couler.

- Je ne peux pas ressentir ça pour toi.. Non! Je suis censé te détester.. Je te déteste !

Je replaçais correctement mon pull et je gardais la tête haute. Ne laissant en aucuns cas mes larmes couler. Même, si je ne doute pas qu'il les ai remarqués.. Je tourne les talons. Je t'en prie Kayson, ne me retient pas. Il faut que je parte. J'hésitais. Quelque chose me poussait à partir, comme si.. Non. En fait je voulais partir, j'avais trop peur de mes propres sentiments, j'avais peur des siens. Je savais ce qu'il se passait. Je me sentais liée à lui. J'éprouvais quelque chose de grand pour lui, mais je refusais de l'admettre.

Il sert les poings et frappe avec force la pierre froide du pilier. Je serre les dents. Il ne doit pas comprendre le pourquoi du comment, je réagis comme ça. Et moi même je ne comprends pas ma réaction. J'ai tellement envie d'être dans ses bras, mais je le déteste. En fait.. Non, je ne le déteste pas, j'ai juste envie d'admettre le contraire de ce que je ressens. Et ce que je ressens, ce n'est pas de la haine, oh que non. Et c'est ça qui m'effraye, c'est ça que je ne comprends pas. Je ne suis pas c-e-n-s-é-e .. L'aimer. NON! L'odeur du sang, me fait sortir de mes pensées et mon regard se braque sur les poings serrés de Kayson. Il.. Il saigne. Il s'est fait saigner. Mais cette fois, il est hors de question que je cède à cette addiction, qui me bouffe l'humanité qu'il me reste, de jour en jour. Alors, je bloque ma respiration.

Il se dirige vers sa moto, il l'enfourche, ses traits sont sévère et il ne montre aucuns signes de douleur. Il doit faire un effort monstre pour ne pas grimacer où alors.. Lui aurais-je fais du mal, en le repoussant ? Aurait-il été vexé par mon geste ? Il avait l'air plutôt perplexe. Il devait sans doute être déçu et énervé. Il ne devait pas comprendre mon changement de comportement soudain.

Il démarre sa magnifique moto et avance jusqu'à moi. Son regard est sombre, aussi noir que précédemment, je ne vois aucuns éclats dans ses yeux, ils sont éteints. Il entrouvre les lèvres pour parler, sa voix est froide. Toute la tendresse et la douceur qu'il m'avait communiqué avait littéralement disparu.

- Je ne sais pas ce que tu veux mais décide toi vite, décide toi avant qu'il soit trop tard..

Je garde mon regard dans le sien, tandis que lui le détourne du mien, le regard noir. Il donne un coup d'accélérateur et il part avec vitesse, faisant ronronner, de rage, sa moto. Je le regarde partir, une fois qu'il disparait de mon champs de vision, je cogne mon dos contre le pilier et me laisse glisser le long de celui-ci, ne retenant plus mes larmes.

Mes larmes roulent le long de mes joues, faisant couler mon mascara au passage. J'enfoui ma tête entre mes mains et me recroqueville sur moi même, tel un fétus.

Je ne sais combien de temps, j'étais restée là à pleurer mais je voyais le soleil se lever au loin. Je devais rentrer. Je ne voulais que personne me voit dans l'état que j'étais. Je me redressais, essuyant mes joues du revers de ma main et je regardais en direction de la voiture, où j'avais mis le feu, avec le corps de l'humaine dedans. Le brasier commençais à s'éteindre. Bientôt les humains découvriraient une voiture brulée renfermant les cendres d'un cadavre, qui n'était qu'une jeune humaine innocente qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment.

Je tournais les talons et je me déplaçais à l'aide de ma vitesse vampirique pour être vite rentrée à la maison de la nuit.