I Le premier jour du commencement de ma vie.
Foster The People – Pumped Up Kick.Aujourd’hui, cette chanson me réveille. J’écoute attentivement la voix du chanteur qui me susurre des paroles anglaises. Ma main parcourt ma table de nuit, effleurant mon portable, quelques magazines et une bouteille d’eau. D’une caresse douce, je monte mes doigts sur ce réveil hideux et le frappe, comme chaque matin. Comme chaque routine. Comme chaque jour de ma vie. Sous ma couette, je souffle la bouffée d’aire chaude que je retiens depuis cette chanson. Je tâte la place à côté de moi, qui est vide. Oui je me rappelle, il est partit hier soir, à une fête. N’étant pas rentrer, je dois aller le chercher. Comme d’habitude. Je me lève en grognant. Je mets un pantalon et me dirige vers la cuisine. Aucun message. Rien. Tant pis pour lui, ce soir, ça va barder pour sa pomme. Je me fais un bol de céréale avant de filer sous la douche. Je me rappelle d’une adresse vaguement évoqué de notre conversation d’hier. L’eau chaude coule sur mon corps minuscule. Ca vas être ma journée je le sens.
Pas difficile de trouver la fête. Des personnes totalement bourrées m’ont indiqué la rue en voulant voir ce que je cachais sous mon tee-shirt. Je n’avais pas voulu parler plus. Je trébuche sur des corps ivre-mort qui gémissent sous mes bottes. J’attends simplement de trouver son visage parmi tant d’autre.
- Qu’est ce que tu fou là ?
Une voix masculine me fait sursauter. Je reconnais Nicolas, ramassant les bouts de verres cassés autour d’une personne. Lui a du passer la soirée à surveiller les uns et les autres. D’un regard il comprend qui je cherche et m’indique un coin où des corps dorment profondément. Je m’approche, découvrant le trésor que j’ai dégoté. Une fille blonde, aux cheveux décolorés se serre contre le corps fin de mon petit ami. Son soutien gorge laisse dépassé sa poitrine, même un peu trop.
- Réveille-toi.
Je frappe d’un grand coup de talon le torse de Théo. Il sursaute, la gueule de bois collée au visage. Il longe mes jambes nues d’un regard perplexe et me découvre, arquant ses sourcils toujours sévères.
- Debout.
Je lui prends sa veste et le soulève, laissant la jeune fille ce viander en beauté à terre. Elle gémit un instant, s’accrochant le plus possible au bras de Théo. Je lui flanque un coup de pied dans le ventre et elle se tord de douleur.
- On rentre.
Mon petit ami balbutie quelques choses d’inaudible. Ses pupilles dilatées et le blanc de ses yeux rouges me font tressaillir.
- Putain mais t’as touché à quoi ?
Tout défile dans ses yeux et trop de souvenirs lui reviennent. Il tient sur ses jambes en s’appuyant sur mon dos. Je le regarde bredouiller, sans aucun contrôle sur sa mâchoire. Sa soirée à été très mouvementé à mon avis. Je lui prends les bras et les places sur mes épaules. Je vais devoir le trainer. Avant que je ne parte, Nico m’intercepte l’épaule.
- T’es pas obligé.
Je le défis du regard.
- Tu crois ?
Il me regarde avec des yeux qui disent « Bonjour, tu me fais pitié à trainer ton petit ami pas foutue de tenir une seule promesse » Il m’ouvre la porte en m’aidant à transporter le corps de Théo. On le jette sur l’arrière de la voiture.
- Ca ira ?
Je ferme la portière avant d’entrer dans ma voiture. Sa tête est penchée à ma fenêtre.
- Il faut bien.
Je démarre en trombe, le laissant seul sur la route.
II La fin du début de ma vie. La suite est barbante.
Ses yeux s’ouvrent dans un sursaut. Je l’entends pousser un gémissement d’aide. Il ne doit pas se sentir bien je crois. Il a vomit tripes et boyaux durant toute la journée. Cette fois ci, ses yeux sont vraiment ouverts. Rouges mais ouverts. Attablée, devant des papiers de factures à régler, j’imite sa signature. Je ne jette même pas un regard sur son visage doux. Je sais qu’il est trempé de sueur. Son corps se repose sur notre canapé-lit en soufflant. Son bras se cale contre son front. D’une voix faible et suppliante, il murmure :
- C’est toi qui m’as ramené ?
Je ne réponds même pas. Je n’y prends pas la peine. Il le sait, et je ne vais pas gaspiller ma salive pour lui. Je pose le stylo avec fureur et respire une bouffée d’aire mérité. Je jette mon pull par terre et me dirige vers le matelas. Je m’assois et caresse son front moite en repoussant son bras musclé.
- Merci, Isia.
Il m’attire sur le lit et prestement, je le repousse. Il comprend qu’il m’a blessé. Il m’a promis de revenir avant le lever du soleil et il n’était pas là. Je tends le bras vers l’ours en peluche marron qui s’appelle Mokja.
- Parle-moi.
Il caresse affectueusement la peluche dans mes bras en prenant soin d’entrer en contact avec mes mains, qui le tiennent fermement.
- Ce mois ci on a rendu à temps toutes les dettes. On a plus à s’en faire pendant un bon bout de temps.
Il pousse un soupir, libérant un poids sur nos épaules. Il se relève médiocrement, et remarque qu’il ne porte qu’un boxer simple.
- Tu m’as lavé ?
J’hoche la tête. Il m’a même vomi dessus à plusieurs reprises. Mais quand on aime, on ne compte rien. Il se mord la lèvre inferieur, pour s’empêcher de retomber dans la cuvette des toilettes. Il me toise de son regard bleu. Et je fais de même avec mon regard. Mais à l’instant où il avance ses mains, je me recule.
- Je n’ai que quinze an, Théo. Si tu crois que ça me fait plaisir d’avoir choisis cette vie, crois-moi, je regrette de t’avoir suivi parfois.
Ses yeux tressaillent un instant, ce laissant retomber sur les draps mouillé de sueur. Je me penche et embrasse ses lèvres. Il me plante son regard bleu dans mes yeux. Je le vois, sans amour, démuni de toute sincérité et totalement perdu.
- J’en ai dix-neuf. Si tu crois que ça m’amuse de surveiller une gamine en ton genre, je regrette que tu te sois ramenée, parfois.
Mes yeux tressaillent aussi. Qui c'est le plus gamin de nous ? Lui ou moi ? Ces durs mots me frappent en plein cœur. Il ce brise, petit à petit, allongeant la fente de chaque bêtise qu’il a faite durant ces derniers mois. Je lui jette mon ours en peluche dans la tête et prend mon sac.
- Ma puce attend !
Il ce lève et tombe du lit, se tenant le ventre à deux mains. J’ai besoin de respirer.
III « Elle me dit danse, danse, danse… »
Arrivée à la salle de danse, j’efface mes grosses larmes. Il a été tellement dur… Je parcours la salle, m’échauffant les jambes et les bras. Je ne veux pas me casser quelque chose, m’manquerait plus que ça… J’allume les enceintes et insère un disque à l’intérieur.
Mika – We are young.
Mon chanteur préféré. J’adore sa voix envoutante sur des rythmes endiablés. Je sais qu’ici, je suis en sécurité. Que Théo ne me trouvera pas. Que je peux enfin souffler, et oublier chaque détail de ma foutu vie. Je ferme les yeux et me laisse aller. Ca va faire 3 semaines que je n’ai pas dansé. Trop de problème à régler. Je sens mon corps devenir de plus en plus souple. Je ne veux penser à rien. Je veux être libre. Je veux m’envoler loin de ce merdier.
- Eh attention !
Je me cogne contre quelqu’un. Je titube et trébuche, me rattrapant au bras de l’inconnu. Il m’évite de me viander en beauté et me relève d’un coup de bras. Son odeur enivrante me fait tourner la tête.
- Eh jolie fille, fais attention où tu mets tes pieds et ouvre les yeux.
Je bredouille des excuses, m’écartant de la voix grave de ce mec. Je prends mon air farouche et provocateur.
- On n’espionne pas les filles. On ne t’a pas appris les bonnes manières ?
Je me cache derrière ma frange. Règle n°1, ne jamais parler à des inconnus. Ne pas les regarder aussi. Il rit doucement.
- Je n’espionne pas, je découvre comment tu marches.
Je relève la tête, le foudroyant du regard. Sa peau bronzée lui donne un genre de Latino. Je suis habitué au mexicain. Depuis quelques temps désormais, j’ai trainé avec des filles et elles étaient issues de ce milieu. Il croise ses bras musclés sur ses pectoraux. Je souris mielleusement.
- Pas mal foutu Mexicanos.
Il me fait découvrir son visage souriant.
- Usted también mi hermosa.
Je pige que dalle à ce qui me dit, mais tant pis. Mon cours d’évasion est totalement foutue à cause de lui. Il m’espionne retirer le CD de la sono. Je sens son regard de chaleur m’entourer les épaules, le dos, les fesses et les hanches. D’un mouvement de cheveux je le foudrois une deuxième fois sur place. Il ne réagit pas. Au contraire, il profite de la situation pour mieux regard mes formes.
- Je te conseil de retirer tes yeux, tu vas te faire mal.
Ce petit jeu l’amuse. Il doit avoir dix-sept an, tout au plus. Même pas. Seize. Malgré qu’il soit canon, je sais très bien que je ne tomberai pas dans son jeu vicieux de “Je suis foutu à faire pleurer les anges, alors aime moi ma poule”.
- C’est vrai que quand on te voit, j’ai plutôt envi de me retirer les yeux.
Je fais non du doigt en montrant ma poitrine.
- Déjà prise mon chéri, pleure pas. Tu trouvera bien une petite s**o*e à séduire.
Je ris rauque et m’en vais. Il ne me suit pas, et reste planté là, en me dévisageant, par les vitres du sous sol.
IV L’as de trèfle qui pique mon coeur... Tiens toi à carreaux.
- Eh dis donc, miss mini-girl, tu t’es coupé les cheveux ?
Je me cache sous mon gilet noir. Les ailes blanches brodée sur mon dos, me couvre d’un bien être sans fond. La capuche sur la frange, je baisse la tête, passant entre dealeurs et toxico. J’ouvre la porte à droite, et entre dans un endroit ouvert. L’odeur de la cigarette m’envahit et me rappelle trop mon père. Je regarde deux minutes si je trouve Théo, mais aucun signe. Peut être est il resté à la maison ? Je l’espère.
- Eh, Anna Christina, tu n’aurais pas vue Théo ?
Elle me regarde de ses grands yeux noirs avec un sourire bienveillant. Elle a 15 ans de plus que moi et me considère comme sa propre fille. Sa peau matte me rappelle le garçon de tout à l’heure. Il était étrangement bizarre. Je me souviendrais de sa tronche. Elle approche de moi, et me colle un baiser sur ma joue gauche. Son odeur de parfum m’envahit et en moins de deux, je me retrouve à la maison. Chez moi.
- Oui, pour l’instant il discute. Alors Isia, tu vas bien ?
Elle me sert contre sa grosse poitrine. J’adore cette femme. Elle a été la première à m’accueillir au sein du groupe. Son mari dirige les affaires, même si ce n’est pas un chic type. Anna le sait très bien, mais elle l’aime, malgré ses défauts.
- Ca peut aller, je fais avec.
Soucieuse de mon bonheur, elle passe sa main dans mes cheveux désormais plus courts qu’avant. Il y a 3 jours, j’ai totalement piqué une crise et j’ai tout coupé. Mon carré plongeant était une source de problème désormais. J’étais beaucoup plus sexy avant. Tant pis.
- Isia… Il m’a raconté. Je suis désolé.
Je lui souris tranquillement, prenant une tasse de thé.
- Tu sais Anna, parfois je me dis que… Je n’aurais pas du.
Elle me sourit, elle aussi. Et je crois qu’elle me comprend. J’attends donc Théo, en lui racontant des choses banales.
Il ouvrit avec douceur la porte et me sourit gentiment.
- Eh mon ange…
Il embrasse le sommet de mon crâne et pli ses genoux pour arriver à ma hauteur. Il me caresse doucement le dos.
- Je suis désolé de t’avoir dis ça.
Je souris à mon tour et passe mes bras autour de son cou en hochant la tête. Il m’attrape et m’embrasse sur mes lèvres. Il m’avait manqué. Pour une fois, il ne sent pas la cigarette et il est totalement clean.
- Ce n’est rien. Tout va bien maintenant.
Je me lève, prenant mon sac. Il entoure ses doigts contre les miens et salut Anna Christina. Je lui fais un clin d’œil complice. Ce moment partagé nous a encore plus rapprochés. En partant, je lui jette un dernier coup d’œil. Elle a l’air bien fatigué… Ce ne sont pas mes affaires mais tant pis. Je l’appellerai.